En quoi une posture de médiateur peut me soutenir dans mon métier de notaire ? 

Les notaires sont coutumiers de recevoir des personnes en difficulté dans des moments cruciaux de l’existence. Ils se positionnent avec une certaine autorité et légitimité axée sur l’action et la résolution de problèmes, essentiellement par la voie du droit.

Souvent, lorsque nous formons des notaires à la médiation, nous constatons une certaine crainte des débordements, des émotions trop fortes, une appréhension face à une psychologisation du conflit.

Or, le conflit est un matériau précieux à mobiliser qui peut se différencier de la violence que l’on craint. Il est avant tout l’expression d’une souffrance ou à minima d’une déception, d’une appréhension, de mal-entendus qui requièrent un minimum de temps pour être démêlés, transformés.

Les notaires connaissent parfaitement le besoin de temps dans de nombreux dossiers – deuils, séparations, liquidation de communauté, acte de vente immobilière. Une réunion de médiation sera plus longue qu’un rendez-vous habituel mais au regard du temps de traitement de certains dossiers, très chronophages,  il est désormais admis qu’on a parfois à savoir perdre du temps pour en gagner et que du tiers est indispensable.

La médiation constitue cet espace singulier de dialogue possible lorsque les tensions sont trop fortes pour que tout échange se réalise de manière posée et sereine sans intermédiaire.

Le notaire formé ou sensibilisé à la médiation va changer de regard par rapport au conflit, notamment aux aspects psychologiques du conflit. Il nous semble qu’il peut être un formidable accueillant de cette conflictualité aux visages multiples (culturel, psychologique, technique, financier, juridique…). Ne plus voir le conflit essentiellement à travers la sphère du droit et de son règlement mais suspendre ses réactions et une certaine forme de directivité pour laisser le temps aux paroles d’émerger, aux émotions de s’exprimer, aux positions de s’ouvrir.

Il peut ainsi mettre à profit cette nouvelle posture, non seulement dans un acte de médiation formel mais également en « faisant médiation », dans son quotidien, par sa façon d’être, sa manière d’entendre et de questionner les personnes et ainsi permettre une action plus rapide, plus efficace et des décisions mutuellement acceptées.

A propos de Sylvie ADIJÈS (cabinet Interstices Médiation)

Sylvie ADIJES, médiatrice, formatrice, et analyste des pratiques professionnelles.

Sylvie a été avocat pendant 19 ans au Barreau de Paris, spécialiste du contentieux en droit des affaires et droit du travail. Désirant résoudre les conflits autrement que par le combat judiciaire, elle s’est formée à la négociation raisonnée et à la médiation qu’elle pratique et enseigne depuis 1995.

Sylvie a publié deux ouvrages en co-écriture :

  • « Médiateurs et Avocats, Ennemis ? Alliés ? » Ed Médias et Médiations avec Hélène Lesser 2014
  • « La médiation en entreprise. » 4ème édition. Ed Dunod, avec Arnaud Stimec 2015.

Le cabinet Interstices Médiation contribue à faire évoluer la culture de la conflictualité vers une approche constructive : en mobilisant le pouvoir d’agir de chacun en médiation, à la place qu’est la sienne dans sa famille, dans son entreprise ou dans son collectif, nous croyons que le conflit, tant qu’il n’est pas violence, peut donner lieu à un questionnement fécond et à des évolutions nécessaires. Depuis plusieurs années nous accompagnons notamment la chambre des Notaires et des notaires intéressés par les modes amiables.